Le monde de l'entreprise est un mélange de plus en plus complexe et savant d'évolution de comportement des clients, de nouvelles réglementations, de progrès technologiques constants et de nouveaux modèles économiques perturbateurs. Par conséquent, les organisations ont dû s'adapter en étant de plus en plus agiles et collaboratives. Travailler dans des organisations en silos ne permet pas de rassembler l'expertise et de partager des solutions intégrées nécessaires pour relever ces défis complexes.
Pourtant, si certaines équipes ont amélioré leurs capacités à collaborer, qu'en est-il de leurs directeurs respectifs ? Les DAF collaborent-ils efficacement avec leurs homologues du marketing, des opérations, des RH, des ventes et des systèmes d'information ?
Notre étude internationale « La finance redéfinie » qui a permis d'évaluer le point de vue de plus de 670 DAF et professionnels de la finance, a révélé que la réponse est le plus souvent négative. Nous avons constaté qu'environ 1/3 seulement des DAF déclarent avoir une « collaboration sereine » avec leurs homologues cadres dirigeants, sachant que le degré de collaboration varie selon le rôle. Par exemple, alors que 37 % des personnes interrogées déclarent avoir une collaboration « sereine » avec le directeur des ventes, seulement 27 % bénéficient du même niveau de collaboration avec le DSI.
L'évolution des cadres dirigeants
Le profil et les attributions des cadres dirigeants ont considérablement changé au fil du temps. « Les cadres dirigeants version 1.0 représentent le modèle original dans lequel les PDG sont responsables ; ils disent ce qui va se passer et tout le monde suit », explique Rob Dicks, financial services industry leader for human capital chez Deloitte. « Les cadres dirigeants version 2.0 représentent le modèle avec lequel nous avons tous grandi ; les cadres dirigeants ont commencé à étendre leurs activités, les PDG déléguant les problèmes aux cadres responsables. Un problème de personnel ?, il était transmis au DRH. Un problème de technologie ?, il était transmis au DSI. Un problème financier ?, il était transmis au directeur financier. C'était plutôt clair, et ça a fonctionné pendant presque 40 ans. »
Comme Rob Dicks le laisse entendre, nous entrons maintenant dans l'ère des cadres dirigeants version 3.0, car la complexification de l'environnement économique a transféré les responsabilités à un groupe élargi de personnes. « Lorsque vous essayez de transmettre un problème de technologie au DSI, il peut aussi s'agir de problèmes de données, c'est pourquoi nous avons des responsables des données », explique-t-il. « Mais il peut aussi s'agir d'un problème de risque, d'où la nécessité d'impliquer le DSI. Cela peut avoir des implications humaines et financières. » Par conséquent, il note que nous pouvons déjà tous observer que les cadres dirigeants représentent un groupe beaucoup plus intégré, dynamique et collaboratif ».
Un DAF capable de collaborer efficacement avec l'ensemble des cadres dirigeants peut apporter des avantages bien réels. Les recherches de Deloitte ont révélé que les organisations dans lesquelles les cadres dirigeants collaborent régulièrement à des travaux interdépendants à long terme sont les plus à même d'anticiper une croissance de 10 % ou plus pour l'année à venir.
Un rapport d'EY sur la relation entre le DAF et le DRH, « Partnering for Performance », montre que les entreprises avec un niveau élevé de collaboration entre les collaborateurs et les directeurs financiers enregistrent des bénéfices, notamment une augmentation du bénéfice avant intérêts, impôts et dotations aux amortissement, une augmentation de la productivité et de l'engagement de leurs collaborateurs.
En examinant la relation entre DAF et directeur marketing, EY a observé qu'« une solide relation finance-marketing peut faire la différence entre les organisations à forte croissance et celles qui stagnent ou qui sont dépassées. »
Plus le degré de collaboration est élevé, plus il est probable que les cadres dirigeants de l'organisation partagent les mêmes priorités et mieux ils sont placés pour atteindre leurs objectifs.
Il existe de nombreux domaines où la collaboration peut être compromise. Le rapport d'EY sur la relation DAF-Directeur Marketing a souligné que l'absence d'outils et de processus communs constituait le principal obstacle à une relation plus étroite entre ces deux directeurs, suivie de l'absence d'indicateurs clés de la performance clairs reliant la performance financière et le programme marketing. Parmi les autres obstacles, on peut citer les différences culturelles et le manque de considération pour ce type de collaboration.
Afin de travailler plus efficacement avec d'autres cadres dirigeants, les directeurs financiers devraient s'intéresser à trois leviers essentiels.
Des réunions et des appels téléphoniques réguliers peuvent largement contribuer à améliorer la collaboration parmi les cadres dirigeants, tout comme le fait d'amener activement les homologues à participer à des projets spécifiques où ils peuvent créer de la valeur. Il vaut également la peine d'examiner comment les DAF peuvent soutenir et responsabiliser leurs collègues en leur fournissant les données nécessaires pour étayer la prise de décision. Par exemple, ils peuvent fournir à d'autres responsables de secteur des indicateurs clés de la performance spécifiques sur la base d'un accès en self-service.
En fait, l'étude de Workday a révélé que 68 % des directeurs financiers affirment que « la collaboration efficace entre les DSI et les DAF est limitée par le fait que l'informatique et la finance ne parlent pas la même langue ».
Ilya Strebulaev, professeur de finance à l'Université de Stanford, souligne l'importance du partenariat DAF-DSI dans la création d'une organisation plus orientée données, mais reconnait qu'il faudra apprendre à mieux se comprendre.
« Les DAF doivent collaborer étroitement avec les DSI sur cette révolution des données et les aider à mieux comprendre le type de données dont ils ont besoin, » ajoute M. Strebulaev. « Jusqu’à maintenant, la problématique était liée au fait qu’ils ne parlaient pas le même langage. Il sera donc important d’améliorer ce vecteur de communication. »
Dans son rapport, Deloitte a observé que les directeurs ayant une expérience élargie pour avoir occupé différentes fonctions étaient généralement ceux qui affirmaient collaborer régulièrement avec leurs homologues cadres dirigeants. Ainsi, en plus d'améliorer la communication entre les cadres dirigeants en place, les entreprises peuvent également se demander comment les parcours professionnels transversaux peuvent favoriser une meilleure collaboration entre les leaders de demain.
L'article accompagnant l'Etude internationale auprès des directions financières : Pourquoi est-il essentiel que les DAF trouvent un terrain d'entente avec leurs homologues des RH et des SI - examine de plus près la puissance du triangle d'or entre les finances, les RH et les services de l'information et comment cette relation peut apporter des avantages significatifs à l'entreprise.
Pour connaître les résultats complets de l'étude internationale « La finance redéfinie », lire le rapport ici.
A propos de l'étude internationale Workday réalisée auprès des directions financières
Nous avons interrogé plus de 670 directeurs financiers en Amérique, en Europe, dans la région Asie-Pacifique et en Afrique du Sud, recouvrant 10 secteurs d'activité, entre septembre 2017 et janvier 2018. Plus de 1/3 (38 %) sont issus de grandes entreprises dont le chiffre d'affaires s'élève à plus d'un milliard de dollars. Les personnes interrogées provenant d'entreprises réalisant un chiffre d'affaires compris entre 500 millions et 1 milliard de dollars et entre 250 et 500 millions de dollars représentent respectivement 35 % et 27 %. Plus de 1/3 des personnes interrogées sont des DAF, directeurs financiers ou directeurs comptables ou directeurs du contrôle de gestion ; les autres sondés occupent des postes élevés dans la finance tels que responsable de l'analyse et de la planification financières ou vice-président des opérations financières.