Cette parole d'expert, écrite par Mary Hayes Weier, a été publiée initialement en anglais sur le blog Workday. Il nous a paru intéressant d'en partager la traduction.
Christa Davies, Executive Vice President et DAF chez Aon, a supervisé certaines des plus importantes acquisitions de l'entreprise depuis 2007, date de son recrutement. Christa est également membre du Conseil d'administration de Workday.
Dans un podcast enregistré à l'occasion de Workday Rising, Christa Davies et moi-même avons discuté de ce qu'elle a retenu lors des processus d'acquisition, notamment l'importance de la compatibilité culturelle. Elle s'est également exprimée sur la gestion des risques d'aujourd'hui et sur l'intérêt de disposer d'une plateforme Cloud unique pour les données RH et Finance. Écoutez le podcast ici : Risques, fusions-acquisitions et données : le point de vue de Christa Davies, DAF chez Aon
Vous trouverez également ci-dessous la transcription complète de notre échange.
Mary Hayes Weier : Vous souvenez-vous du temps où le DAF avait pour principal but la réconciliation des chiffres ? Ça, c'était avant. Aujourd'hui, quand bien même les chiffres ont toujours leur importance, les fonctions du DAF se sont diversifiées : comprendre les risques, gérer les fusions et acquisitions, prendre des décisions technologiques et chercher à obtenir le plus d'informations possible à partir des données disponibles sont quelques-unes des tâches qui lui incombent.
Je m'appelle Mary Hayes Weier, et je suis collaboratrice chez Workday. Aujourd'hui, pour ce Podcast Workday, nous avons le plaisir de recevoir Christa Davies, Executive Vice President et DAF chez Aon, également membre du Conseil d'administration de Workday. Comment réussir à devenir une brillante DAF aujourd'hui ? Découvrons son expérience ! Bonjour Christa, soyez la bienvenue.
Christa Davies : Merci beaucoup Mary ! Je suis ravie d'être ici.
Mary Hayes Weier : Vous vous posez beaucoup de questions, notamment sur les risques économiques. Selon vous, quels sont ceux auxquels font face les leaders aujourd'hui ?
Christa Davies : Je crois, Mary, que notre monde amorce des changements conséquents : les entreprises doivent à présent faire face à des risques qui n'existaient pas il y a encore 10 ans. Je dirais que les évolutions technologiques, à la fois opportunités et incertitudes, sont importantes. Si vous observez le monde actuel, vous verrez que 25 % de l'économie mondiale se focalise sur la technologie : il s'agit à la fois d'un changement et d'un risque considérables.
L'autre inconnue concerne la réglementation. Les réglementations et le nationalisme économique se font de plus en plus pesants : le Brexit au Royaume-Uni, la hausse des tarifs douaniers aux Etats-Unis et sa réponse apportée par la Chine, et bien d'autres événements rendent le monde plus difficile à appréhender.
Chez Aon, nous faisons chaque année une enquête sur la gestion des risques auprès de nos 1 000 meilleurs clients. Il apparaît que 6 des 10 risques majeurs ne sont plus assurables aujourd'hui. Les responsables ne gèrent pas réellement le risque autant qu'ils le devraient : je crois que c'est là où les DAF peuvent innover.
Mary Hayes Weier : Que peuvent faire les chefs d'entreprise pour gérer les risques ?
Christa Davies : Je pense vraiment que la mise en place chaque année d'un processus de gestion des risques, en collaboration avec l'équipe dirigeante et les membres du Conseil d'administration, est utile, afin de maintenir les connaissances de vos équipes à jour. Et si vous entendez l'un de vos homologues affirmer que le risque majeur pour l'entreprise est la gestion du changement, un autre dire que c'est la cybercriminalité, un autre encore soutenir que c'est le risque réglementaire, cela vous pousse à y réfléchir différemment chaque jour. Le simple fait d'avoir une équipe dirigeante focalisée sur les risques majeurs peut vous aider à gérer la situation et à mettre en place un plan pour y répondre plus efficacement.
« Lorsque vos [données] sont dans le Cloud, vous disposez d'un périmètre de sécurité extrêmement puissant, géré efficacement de manière centralisée. »—Christa Davies, DAF, Aon
Mary Hayes Weier : Voilà d'excellents conseils. Changeons de sujet et parlons de croissance par le biais de fusions-acquisitions. Au cours des 20 dernières années, vous avez effectué plus de 500 acquisitions. Comment arrive-t-on à faire cohabiter gestion des risques et croissance ?
Christa Davies : Les fusions-acquisitions représentent une excellente manière de trouver des solutions plus innovantes pour nos clients : grâce à elles, nous obtenons de nouvelles compétences indispensables pour naviguer dans un environnement changeant, où maîtriser la technologie apparaît comme essentiel. Nous avons acquis par exemple des compétences en analyse des données que nous pouvons proposer à nos clients.
Mary, je peux dire que nous avons beaucoup appris grâce à nos acquisitions, sans toutefois prétendre à la perfection. Je crois que nous sommes devenus plus performants dans le déploiement d'une approche cohérente des vérifications préalables et de l'intégration des fusions-acquisitions. Mais probablement plus important encore, nous nous sommes posé les bonnes questions : à quel niveau souhaiterions-nous acquérir des compétences ? Dans quels domaines attractifs devrions-nous investir et nous développer ? Nous avons étudié le sujet pendant 5 ans pour trouver des domaines de prédilection dans lesquels investir, pour ensuite trouver les entreprises qui répondent à nos critères et créer un partenariat afin de préparer le terrain à l'acquisition. Il s'agit ensuite d'une simple question de compréhension mutuelle, entre dirigeants : partageons-nous la même vision du monde ? Nous retrouvons-nous dans nos cultures d'entreprise réciproques ? Nos talents vont et viennent chaque jour : s'ils n'adhèrent pas à notre culture, malgré tous les efforts apportés à attirer les meilleurs d'entre eux, ceux-ci peuvent partir. C'est cette véritable compatibilité culturelle qui crée de la valeur ajoutée pour nos clients.
Mary Hayes Weier : Ce point est vraiment intéressant : il me semble que lorsqu'une société procède à toutes les vérifications préalables, elle ne se demande pas quelle est la culture de l'entreprise qu'elle cherche à acquérir. Pensez-vous que la question devrait être posée lors de cette phase préalable ?
Christa Davies : Absolument. Nous examinons au préalable la culture, en expliquant ce qui fait Aon ; nous discutons également de la nature possible de l'intégration et de la façon dont l'entreprise est dirigée. Aon United joue un rôle très important dans ce processus. Nous nous forçons à être précis dès le départ : il faut comprendre leur culture, pas seulement celle du directeur général mais celle de l'ensemble des dirigeants, afin d'obtenir une vision claire au quotidien et voir s'il existe une adéquation.
Mary Hayes Weier : Tout cela requiert donc des recherches, que ce soit en ligne ou directement auprès de partie prenantes. Etes-vous arrivée à établir un principe ?
Christa Davies : Oui, cela requiert surtout beaucoup de conversations, Mary, car je dirais que le cœur de la culture Aon est de proposer un service client personnalisé et des solutions innovantes. Par exemple, nous pourrions avoir des échanges avec une société que nous envisageons d'acquérir à l'avenir : si elle ne se donne pas corps et âme à un service client d'excellence, il est probable que l'adéquation ne soit pas présente Bien entendu, tout cela se passe en douceur : il ne s'agit pas de répondre à des critères ou de comprendre la recherche, mais d'entretenir de nombreuses conversations avec beaucoup de collaborateurs de la société, pour avoir la garantie d'une cohérence culturelle.
Mary Hayes Weier : Christa, vous êtes aussi une cliente Workday.
Christa Davies : Nous avons déployé Workday dans notre département RH il y a plusieurs années maintenant, Mary, et je crois que les coûts ont motivé ce changement. Nous avions différents systèmes en place dont le fonctionnement était très coûteux ; Workday nous a permis de réduire nos dépenses de manière drastique tout en nous fournissant de nombreuses fonctionnalités. Par exemple, il est devenu beaucoup plus facile pour nos collaborateurs d'effectuer leurs démarches depuis leur mobile, sans avoir à consulter leurs responsables RH comme auparavant. A l'époque, nos salariés ont pu ainsi bénéficier de plus de rapidité et d'efficacité, en toute mobilité.
Mary Hayes Weier : Impressionnant ! Vous avez ensuite introduit les solutions de gestion financière de Workday. La date est plus récente ?
Christa Davies : C'était au début de 2017. Le déploiement des solutions Finance différait légèrement du département RH : notre plateforme ERP précédente arrivant en fin de cycle, nous avons fait le choix du changement. Nous avons examiné l'offre Workday : l'idée d'avoir un système unique pour les RH et la Finance nous a vraiment conquis. Nous gérons en effet notre activité par rapport à un retour sur capital, et la possibilité de rassembler ces frais et données RH sur notre personnel (le coût le plus élevé pour nous) avec nos données financières tout en gérant le retour sur capital engrangé nous apparaît capitale. Nous gérons activement notre portefeuille, et nous commençons à en tirer les bénéfices.
Mary Hayes Weier : Donnez-moi quelques exemples particuliers de la façon dont vous pouvez combiner RH et Finance et en tirer parti ?
Christa Davies : En vérité, nous ne sommes qu'au début du processus, mais je peux d'ores et déjà vous dire que, d'un point de vue Finance, nous sommes capables de suivre les données de façon plus instantanée. Grâce aux tableaux de bord appropriés, notre délai de clôture s'est resserré, y compris dans les pays où nous sommes actifs, pour tous les codes de compte, et pour chaque individu. Cela nous a vraiment changé la vie. Je pense réellement que l'analyse des charges RH et leur association aux données Finance nous ont permis d'améliorer notre rentabilité et de comprendre ses composantes sous-jacentes beaucoup plus rapidement, parce que c'est là que se trouvent toutes les informations de transaction. C'est, pour le moment, notre meilleure façon d'en tirer profit, Mary. Mais comme je vous le disais, ce n'est que le début.
Mary Hayes Weier : Chez Workday, nous parlons de communauté, du « Power of One », et on dirait bien que nos clients adhèrent à ces valeurs. Que signifie cette philosophie pour vous ?
Christa Davies : Pour nous, Mary, rassembler les RH et la Finance au sein d'une seule et même plateforme est capital : il ne s'agit pas de faire du bricolage ou de l'à-peu-près. Pour nous, gérer l'entreprise avec un flux de trésorerie disponible et un retour sur le capital, et être capables d'effectuer tous ces calculs et analyses sur la plateforme avec les données de transaction sous-jacentes est essentiel : tous nos collaborateurs dans le monde peuvent ainsi gérer leur activité eux-mêmes, au lieu d'attendre que notre SI ou quelqu'un d'autre produise les rapports voulus. Il s'agit vraiment de donner à notre fonction Finance toutes les cartes en main pour gérer activement l'entreprise en collaboration avec l'équipe dirigeante, ce qu'elle n'a jamais pu faire avant.
Mary Hayes Weier : Très bien. Parlons à présent des nouvelles acquisitions. Notre plateforme a-t-elle simplifié le processus ?
Christa Davies : Oui, beaucoup. L'un des points positifs d'une plateforme Cloud, c'est la coordination de nos différents sites à travers le monde. Nous sommes présents dans plus de 100 pays et, lorsque nous avions une plateforme financière sur site, chaque pays disposait de son propre mode d'exécution. Aujourd'hui, lorsque nous faisons l'acquisition d'une société, elle vient s'ajouter à une plateforme unifiée, ce qui signifie une intégration plus rapide, plus transparente et moins d'erreurs.
Mary Hayes Weier : Christa, vous savez que Workday est né dans le Cloud ; on pourrait penser qu'il est plus risqué d'y stocker des données RH et Finance que dans des data centers sur site. Cette idée sur les risques du Cloud, notamment dans le monde des DAF, semble être tenace. Quel est votre avis ?
Christa Davies : Comme vous pouvez l'imaginer Mary, nous avons réalisé une évaluation complète et approfondie de la sécurité de Workday, compte tenu de l'ultra-sensibilité des données RH mais aussi Finance. Il est apparu que les éléments de sécurité pour ces 2 ensembles était largement supérieurs à ceux de nos sites : nous avions ainsi la preuve que Workday veille tout particulièrement aux données. Garantir un tel niveau de sûreté est indispensable.
Lorsque vos données sont dans le Cloud, vous disposez d'un périmètre de sécurité extrêmement puissant, géré efficacement de manière centralisée : cela signifie moins de risque de vol des données.
Mary Hayes Weier : C'était Christa Davies, Executive Vice President et DAF chez Aon. Christa, merci infiniment de nous avoir rejoint aujourd'hui sur le podcast Workday.
Christa Davies : C'est moi qui vous remercie, Mary.
Mary Hayes Weier : C'était Mary Hayes Weier de Workday. Merci de nous avoir écoutées.
Vous souhaitez en savoir plus ? Lisez Relever les défis de l'entreprise internationale avec Workday : Interview avec le VP of Finance Solutions chez Aon. »